2005

Rivière-Pilote – Robert – 2ème étape

Infos de l’étape

Rematage difficile… 
15 minutes, c’est le temps qu’ont pris les coursiers de GFA/Bouygues Telecom Caraïbes pour mater la petite voile obligatoire après un dessalage en haute mer. Ils étaient non loin de l’îlet Cabrit lorsque la vergue a cédé. Mais le canot suiveur, lui, ne suivait pas. Pas de mat à proximité, encore moins d’équipiers pour manoeuvrer dans des conditions optimales. Aussi, lorsque la yole porteuse de l’équipement finit par approcher, l’énervement était telle que Raphaël Kimper, patron de la yole, sauta à l’eau, prit la barre du canot et approcha cette dernière de la yole pour mieux transférer le mat de secours. Quinze minutes après sa mésaventure, la yole put repartir vers une plage proche pour remater une autre voile adéquate. 
… et un blessé 
Bien que cette mésaventure n’ait pas laissé d’homme sans vie, les spectateurs qui étaient non loin du ponton du Robert ont vu les pompiers débarqués une civière. Un coursier couché dedans, avec une perfusion. C’était un homme de GFA/Bouygues Telecom Caraïbes. mais rien de grave apparemment, puisque la Société des yoles rondes n’annonçait qu’une grosse fatigue.

À l’arrière… 
Quand on sait ne pas pouvoir revenir sur les leaders du classement, on cherche le meilleur compromis pour gagner un peu de temps. De fait, une fois l’îlet Cabrit passé, chacun changeait sa pagaie pour plus d’efficacité. Opération réussie, puisque les derniers de la journée Visual Opticiens/Air Caraïbes, franchissait la ligne une heure et onze minutes après Géant/Orange. Un progrès sur les précédentes années, ou les derniers semblaient mettre un point d’honneur à arriver plus de deux heures après le vainqueur. 

Du changement 
Ils sont habitués chaque année à changer de mouture. Mais changer de bateau chaque jour, c’est un peu nouveau pour les chronométreurs. Deux bateaux en deux jours. Au rythme de ces changements, ils épuiseront toute la flottille avant que la direction de course se décide à leur attribuer durablement un bateau. 

Extrait du France Antilles du 3 Août 2005

Deuxième étape: Les réactions des coursiers

Georges-Henri Lagier, patron de Rosette/France Telecom 
« Nous sommes très contents d’avoir pris le maillot rouge. C’est bon pour le moral de la troupe. Nous l’avons pour une minute et c’est l’intérêt du Tour qui est relevé. Cela remet Géant/Orange dans la course et c’est très bien. Mais les choses vont devenir de plus en plus dures, parce que Géant marche très bien. Il nous faudra attaquer très tôt et prendre des risques pour que nous puissions tenir le coup. Nous avons pris de l’eau à proximité de la ligne d’arrivée à cause d’un petit relâchement de rien du tout. Une seconde de retard sur le dressage et nous l’avons payé. Les choses sont devenues de très haut niveau. Il faut faire veiller à éviter la moindre seconde d’inattention. Nous avons attaqué pendant toute la course. En voyant que Géant tenait la distance, on a choisi de tenir l’écart pour qu’il ne prenne pas plus de temps, et, malheureusement à l’arrivée, le sort en a décidé autrement. Pour la troisième étape, nous allons attaquer encore et sans cesse…»

Marc Lagier, patron de Joseph-Cottrell/ Leader Price 
« C’est vrai que nous avons pris un très bon départ. Mais au fur et à mesure qu’on avançait dans l’étape, le vent a baissé terriblement. Etant légèrement sous voilé, nous en avons fait les frais. Nous n’avons pas pu par la suite nous remettre en bonne situation. Ceux qui avaient fait le bon choix de voile ont été favorisés par cette baisse du vent. Nous finissons troisième, mais rien n’est encore perdu. Il reste cinq étapes et tout est à refaire. Les choses se resserrent dans le haut du classement. On va remettre les pendules à l’heure et repartir pour la troisième étape avec de meilleures intentions. Si nous avons une météo comme pour la deuxième étape, notre tactique sera l’attaque.» 

Michaël Ennéyotie coursier de Ti Soda 
« Lundi, l’erreur que nous avons commise, c’est de mettre une voile qui n’était pas adaptée. Pour cette deuxième étape, il nous fallait à tout prix rentrer parmi les premiers. Je ne dirais pas que c’est chose faite. La mer était belle. Nous avons navigué tranquillement, mais pour la troisième étape, nous comptons bien attaquer. » 

Guy Mélidor, patron de Madinina/Auto-Ecole CAAM 
« Aujourd’hui, je pensais passer avec une 60 mètres. Mais le canot ne marche pas. C’est une yole neuve que nous n’avons pas encore réglée. J’ai coulé à la ligne d’arrivée. Nous avons heurté une caye. Si bien que l’avant s’est abîmé. Nous sommes arrivés à la treizième place malgré tout. En ce qui concerne la troisième étape, je reconnais que ce sera dur. Surtout à la descente. J’ai bien peur de ne pas pouvoir faire une belle course». 

Mireille Yokessa d’Ho-Hio-Hen Automobile/ Mirsa 
«Ce matin, nous avons fait avec les moyens du bord. Il n’y avait pas beaucoup de vent. Aussi, il fallait tirer des bords par ci par là. On s’est débrouillé avec ce qu’on avait. Ceci dit, je suis coursière depuis de longues années. Je me partage entre le handball et la course de yoles. Celle-ci m’apporte beaucoup physiquement, et les préparations sont similaires. C’est mon quatrième Tour». 

Alain Anretar, Total 
«Nous arrivons treizième. Mais nous allons rester à la dixième place. Nous avons géré, nous avons mis une 60 pour essayer de conserver notre place avant les grandes difficultés. Je suis satisfait de ma course. Nous avons bien manoeuvré. Avant le départ de la deuxième étape, nous avons revu certains points. Le choix de la voile s’avère primordial. Maintenant nous nous battons pour une 5ème ou 6ème place. Ça suffira». 

E. Chenière et L. Bertot (Extrait du France Antilles du 3 Août 2005)

Interview de Daniel Louisy, chroniqueur sportif

La yole, on jurerait qu’il est tombé dedans quand il était petit. Daniel Louisy se souvient de tout concernant l’histoire du Tour et l’avènement de cette embarcation. 
Cette année, il est de nouveau fidèle au rendez-vous derrière son micro à commenter pour Radio Martinique ce 21ème Tour des yoles rondes. 
Depuis combien de temps commentez-vous le Tour des yoles. Pas depuis 21 ans ? 
Mais oui… Pour le premier Tour, j’étais seul à assurer pour la radio et la télévision. Mais à l’époque, on n’avait pas le droit d’aller sur l’eau avec le matériel. On allait de point en point sur la côte. Je me souviens d’avoir vu dans ce premier tour beaucoup de rebondissements comme Charles Exilie qui coulait à Petite-Anse. Autre haut fait, la yole Monoprix de Désiré Lamon, qui était en tête, n’a pas pu rentrer au Diamant, le cordage autour de la voile et la voile elle-même s’étant détachés. Finalement, Désiré Lamon a pu réparer et préserver sa victoire. Cela fait bien longtemps, mais je me suis occupé des yoles avant que n’existe le Tour. Je crois que cela fait 27 ans. J’ai eu la chance d’avoir comme professeur Bernardin Loiseau, un reporter qui faisait les commentaires sur les courses dans les colonnes de France-Antilles. Il y avait aussi M. Bodet, du Comité des yoles, qui m’a beaucoup aidé. Les radios libres du François et du Marin suivaient un peu les yoles. Quant au Tour, je ne l’ai jamais raté depuis la première édition en 1985.

Comment faites-vous pour conserver cette même flamme après toutes ces années ? 
Les os deviennent un peu plus durs… C’est fatigant. C’est vrai qu’on subit beaucoup plus l’usure du temps. Mais c’est tellement passionnant, ça change tellement. Il y a des nouveautés dans les yoles, de jeunes patrons. Et puis des patrons comme Charles Exilie, Frantz Ferjules, Désiré Lamon, sont devenus des amis. Quelque part, ce sont tous ces souvenirs qui contribuent à entretenir cette flamme. 

Vous avez vu comment le Tour 2005 a débuté. Votre avis après trois jours ? 
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce Tour est plein de rebondissements. Lors du prologue, et c’est la première fois que je voyais cela, une seule yole, Ho-Hio-Hen / Mirsa, a terminé la course. Le lendemain, cette même yole coule du côté de l’Anse-Caritan et perd beaucoup de temps ainsi que son maillot rouge. 
La lutte en tête se précise entre trois yoles. J’ai l’impression que Marc Lagier a marqué des points lundi, puisqu’il a réussi à contenir Georges-Henri Lagier en obligeant son adversaire à commettre des fautes. Dommage que dans la deuxième étape Marc Lagier ait perdu beaucoup de temps. Mais rien n’est joué dans ce Tour, puisqu’à l’issue de cette étape du Robert, on retrouve les trois ténors aux avant-postes en moins de six minutes. Je pense qu’après l’étape Trinité / Saint-Pierre, on connaîtra véritablement le grand vainqueur. Peut-être que maintenant on connaît presque déjà ceux qui ont perdu le Tour. Comme Ho Hio Hen/Mirsa, par exemple… 

Vous êtes aussi un homme de pronostic. Justement, quel vainqueur voyez-vous ? 
Il me semble difficile à Joseph Mas de remonter trois adverses aussi coriaces. D’ici la fin du Tour, Joseph Mas qui aime bien le parcours entre Trinité, Saint-Pierre, Prêcheur, Carbet, va faire un baroud d’honneur et tenter de remporter des étapes. Je crois que cette année encore, ce ne sera pas l’année de Joseph Mas. Par contre, j’ai l’impression que dans le trio de tête, ça va se marquer sec. Je vais quand même tenter un trio, un podium. Ce n’est pas difficile, on le connaît déjà. C’est Rosette /France Télécom, Géant / Orange et Joseph-Cottrell I Leader Price. C’est vrai qu’on pensait que Joseph Cottrell / Leader Price, après avoir remporté le Challenge, pouvait enfin remporter un tour. Peut-être que la victoire va finalement se déterminer entre les deux ténors Félix Mérine et Georges-Henri Lagier. 

Des yoles comme Tania Chaussures ou encore Générale de Menuiserie / Groupe Antilles Protection finissent plutôt bien. Selon vous, le niveau du Tour serait-il plus équilibré ? 
Certes, il y a toujours les quatre ténors. Mais plus personne ne veut être taxé d’être une petite yole. Il y a eu beaucoup d’efforts de la part de yoles comme Ti Soda, Générale de Menuiserie / Groupe Antilles Protection, Total, Tania Chaussures. Je crois qu’elles peuvent prendre des places et surtout Tania Chaussures qui est bien placée au classement général. Qui sait ? En cas de défaillance des autres, elle peut très bien arrivée dans le trio final… 

Propos recueillis par E.Ch. (Extrait du France Antilles du 3 Août 2005)

Questions à Félix Mérine à propos de sa victoire au Robert

Est-ce un soulagement de s’imposer enfin au Robert ? 
Cette étape était pleine d’embûches. Nous avons mis la voile en conséquence. je voulais absolument m’imposer au Robert pour nos supporters. Eux comme moi en avions marre de toujours voir une yole franciscaine gagner ici. Je peux vous dire que je suis très heureux. 
La déception n’est-elle pas de ne pas avoir endossé le maillot rouge BFC/France-Antilles ? 
Je ne suis pas pressé de prendre ce maillot. Si je l’avais endossé au Robert, je n’aurais certes pas craché dessus. Nous sommes deuxièmes au classement général à environ deux minutes de Rosette/France Télécom. Le Tour recommence car nous sommes là, tout comme Rosette 
/France Télécom et Joseph-Cottrell/Leader Price. 

Ne faudra-t-il pas attendre l’arrivée de l’étape Saint-Pierre – Carbet pour se faire une idée plus précise ? 
Je suis tout à fait d’accord. Entre le Robert et Trinité ce sera très serré avec un écart pour le vainqueur de 5 à 7 minutes. Entre Trinité et Saint-Pierre, l’étape est difficile mais il n’y aura pas beaucoup d’écarts, sauf si un des favoris roule. Dans ce cas. il aura perdu le Tour. 

F.G (Extrait du France Antilles du 3 Août 2005)

Cavalier seul de Géant

La yole robertine a effectué un parcours sans faute dès le départ à l’Anse-Figuier. Plus voilée que ses poursuivantes, elle a maintenu un écart constant de près de trois minutes avec Rosette/France Télécom, dauphin de la journée. 
Bien que cette dernière a dessalé à quelques brasses de la ligne d’arrivée au Robert, elle endosse le maillot rouge de leader, pour une minute d’avance sur Géant/Orange. 
Manifestement, c’était l’étape ou il fallait prendre des risques. Des risques en terme de surface de voiles, sachant que le vent de sud est nettement plus porteur dans cette région que celui d’est. C’est ce que Félix Mérine et ses hommes ont fait, d’autant que placés en troisième position au classement général et plus de dix minutes du porteur du maillot rouge, Joseph-Cottrell/Leader Price. 
Bien que moins placé que ses rivaux sur la ligne de départ, Félix Mérine a su rapidement se dégager de la flottille pour prendre le commandement de la course, dès le coup de cor de brume libérateur. Pourtant, le maillot rouge était nettement mieux placé. Ce qui ne fait donc pas une science exacte puisque Rosette/France-Télécom, également mal placée par rapport au vent sur la ligne de départ, se retrouve rapidement en deuxième position. 
Ho-Hio-Hen/Mirsa qui était en milieu de peloton, prit une moins bonne option puisque contraint de mettre le cap sur le large, moins propice que l’option terre. Mais hier, le choix des voiles dictait en réalité 
la priorité des options, sachant qu’avec ce vent faible, elles seraient quasi définitives.

La décision au large des Salines 
Et c’est un peu ce qui se passait sur le plan d’eau, puisqu’à la bouée de l’îlet Cabrit, Géant/Orange avait une avance de deux minutes sur Rosette/France Télécom et plus de quatre sur Joseph-Cottrell/Leader Price. Le perdant de la journée à l’approche de cette première vigie semblait être Joseph Mas. En virant de bord pour rester plus près de la plage des Salines, il se retrouvait à la sixième position à la bouée et à plus de six minutes de Géant/Orange. Le sort était jeté. 
Le vent restant sud sud-est, les positions n’allaient pas beaucoup changer, sauf que Ho-Hio-Hen comme vexée de se retrouver derrière des yoles comme Tania Chaussures et Générale de Menuiserie/Groupe Antilles Protection, allait tirer les ressources de la science de la navigation de son patron « Athon » Mas pour les dépasser et se positionner en quatrième place. 
De fait, rien n’allait plus changer, sinon que les écarts allaient croître en les deux premiers et le reste de la flottille. A la seconde vigie à la pointe de Macabou, Rosette/France Télécom suivait Géant/Orange à trois minutes, tandis que Joseph-Cottrell/Leader Price ouvrait le ballet des poursuivants à plus de dix minutes. 
Malgré une baisse de vent dans le secteur, et l’espoir de voir les choses changées, en réalité, ce vent de sud qui imposait aux yoles de remonter vers le Vauclin et le François en demi-ronde restait constant dans sa faiblesse, même si quelques risées laissaient l’impression d’un changement. 

Joie de Géant, angoisse de Rosette 
Dans ce contexte, ce sont les leaders qui profitaient de ces petites accélérations pour capitaliser mieux leur avance. Le passage de la passe de l’îlet Pelée et celui de l’îlet Oscar ne changeant rien à l’ordre des choses, c’est donc Géant/Orange qui apparaissait le premier dans le havre du Robert, à la grande satisfaction de la foule de ses supporteurs. 
Ceux de Rosette/France Télécom qui savaient leur yole bien calée à la deuxième place n’attendaient pas plus de deux minutes pour voir leur voile fluo paraître derrière l’îlet Madame. Chacun semblait heureux du dénouement de la journée. 
Les « Géantistes » pour la victoire d’étape au Robert ; les Franciscains de Rosette/France Télécom pour l’acquisition du maillot rouge. 
Aussi, Félix Mérine donnait le dernier coup de pagaie à son embarcation, lui permettant de franchir la ligne d’arrivée après plus de quatre heures de navigation. Il était 13 h 15 et la commune du Robert exultait. 
Deux minutes plus tard, alors que Rosette/France Télécom était à quelques brasses de la ligne, coup de théâtre: la yole va s’empêtrer sur une caye. Tout était remis en cause. 
Il fallait faire vite pour ne pas perdre la quête de la journée, surtout ce maillot rouge. Les coursiers réussissent à redresser la yole, la vident de son trop plein d’eau, la guident difficilement hors les eaux fonds et finissent par franchir la ligne, plus de huit minutes après Géant/Orange. Il était temps, puisque leur avance un classement n’est que d’une minute. 
Du coup, l’étape d’aujourd’hui qui conduira tout ce beau monde à Trinité, ne servira pas seulement à déterminer le vainqueur de la Caravelle. 

G.G (Extrait du France Antilles du 3 Août 2005)

Partagez